Street art à Athènes

Street art à Athènes

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Publié le 21 novembre 2022 par Hélène Salaün

Où voir des œuvres de street-art à Athènes ?

Je n’avais vu jusqu’à présent une telle densité, une telle intensité et une telle qualité d’oeuvres que sur les murs de la ville de Valparaiso !

En passant trois jours à Athènes, je m’étais fixée trois objectifs : débusquer les oeuvres de street art dans les différents quartiers, saliver dans l’important marché de Varvakios et dégoter de petites tavernes qui servent des mezzes grecs traditionnels. De quoi ponctuer agréablement mes balades dans Athènes, surtout lorsque j’ai pu conjuguer les deux, comme dans l’excellent « mezedopoleio Ta Kanaria » (photo ci-dessus).

Il y a une densité incroyable d’œuvres de street art dans les quartiers Psyri et Exarcheia, mais également Keramikos, Gazi, Omonia et Métaxourgio. Une chose est sûre… le meilleur de l’art de rue ne se voit pas dans les coins « proprets et touristiques » de la ville ! J’ai beaucoup marché pour découvrir les oeuvres disséminées dans des quartiers d’Athènes délaissés. J’ai malheureusement manqué de temps et de sens de l’orientation pour toutes les trouver ! 

Je vous livre ici quelques-unes de mes œuvres favorites.

Mon conseil… Gardez un œil ouvert et levez la tête lorsque vous marcherez dans les rues d’Athènes…

Dans les quartiers Psyri et Monastiraki

J’ai choisi mon logement au cœur du quartier très animé de Psyri (ou Psiri) et cela s’est révélé être un très bon choix. L’ambiance bohème du quartier, la quantité et la diversité des œuvres présentes sur les murs, les boutiques de brocanteurs et d’artisans, les nombreux bars et restaurants branchés ou traditionnels ont fait de ce quartier une excellente base de départ.

J’ai fait mes premières découvertes dans une petite ruelle qui part de la place Iroon, une jolie place cernée de bars et de restaurants. Les murs de la ruelle sont couverts d’oeuvres réalisées par différents artistes.

A l’entrée de la ruelle, l’artiste STMTS nous interpelle avec le regard innocent d’enfants qui ont l’air de s’interroger sur la folle société qui les entoure (photo ci-dessous).

A proximité, se succèdent des mains réalisées par l’artiste SimpleG, puis un joli portrait de femme peint par Hambas, de magnifiques oiseaux réalisés par Atek, un politicien, un éléphant en train de charger et des oeuvres d’ Achilles.

On trouve d’innombrables graffitis dans le quartier Psyri, mais aussi de très belles fresques qui m’ont marquée, comme celle de l’appel à la révolution de « l’Apocalypse Now » d‘Inο, avec cette femme au regard perçant dont je croisais le regard tous les jours dans la rue Miaouli.

Même interpellation face aux regard tristes et mélancoliques des personnages de Vasmoulakis (Vasmou) ou face à l’hommage rendu au célèbre chien Loukanikos dans l’oeuvre « All dogs go to heaven», produite par trois artistes : Billy Gee, Alex Marinez (SHINE) et N_Grams.

Loukanikos qui a participé activement à toutes les manifestations anti-austérité dans les rues d’Athènes au moment de la crise de la dette grecque, est devenu le symbole de la rébellion et de la liberté.

Entouré de flammes rouges et jaunes, il regarde stoïquement devant lui, une couronne dorée flottant au-dessus de sa tête. Deux petites notes au coin du mur disent : « nous avons mangé ensemble les gaz lacrymogènes » et « tous les chiens vont au paradis ».

Je poursuis ma balade dans Athènes et découvre les oeuvres monumentales de l’artiste grec INO, reconnaissables à leur trait, mais également aux éclaboussures bleues qui figurent sur chacune de ses oeuvres.

Au 28 de la rue Pireos, INO a réalisé sur le pignon d’un immeuble cette très grande œuvre baptisée “Snowball” qui montre un homme au visage sans regard, aveuglé par sa soif de l’argent.

Au numéro 20 de cette même rue (rue Pireos), je découvre sur l’un des murs de l’hôtel «Viena», la fresque intitulée « Dieu prie pour nous » de Pavlos Tsakonas.

L’oeuvre est inspirée par la peinture de l’artiste allemand du 16ème siècle Albrecht Dürer « Mains en prière ».

Ici, les « mains en prière » ne se tournent pas vers le ciel pour implorer Dieu, mais sont orientées vers le bas comme si Dieu lui-même priait pour sauver la ville d’Athènes et ses habitants.

Au début de la rue Sarri s’imposent deux fresques monumentale d’ INO, le très prolifique artiste grec. Il représente des jeunes filles sur les murs de deux immeubles, dont l’une porte un maillet. L’oeuvre au titre très révélateur « Breaking Barriers of Equality » montre que l’artiste ne lutte pas seulement contre la classe politique mais aussi pour l’évolution de l’égalité homme-femme difficile à acquérir.

Dans les quartiers de Kéramikos, Gazi et Metaxourgeio

Sur le boulevard Peirarios face au Parc Kerameikou, INO (encore lui ! 😉) s’est inspiré du tableau de « La Cène’ de Léonard de Vinci pour réaliser la fresque pleine de réalisme « Last Supper in Athens ». Il dresse une table de banquet à laquelle les dirigeants du gouvernement sont attablés autour d’un festin, aveugles et sourds aux mains tendues du peuple grec affamé au pied de la table.

Un peu plus loin sur le boulevard, même critique de l’action du gouvernement dans l’oeuvre intitulée « Gioconda » (La Joconde). Si l’on porte attention au regard de Mona Lisa, on se rend compte que l’intérieur de l’œil est un miroir qui représente un policier équipé d’un casque et d’un masque à gaz. Cette fresque fait écho à la grande répression subie par les grecs lors de la politique d’austérité du gouvernement.

Réservez aussi un peu de temps pour visiter le musée du « folklore et d’art populaire » de Sifnos, situé sur la place principale d’Apollonia (Platia Iroon) qui présente les objets de la vie quotidienne sur l’île autrefois.

D’un point de vue plus pratique, Apollonia est le point central et stratégique où passent tous les bus, reliant le village au reste de l’île. Devant la poste se trouve une station de taxis et l’arrêt du bus pour KamaresLes bus menant à tous les autres villages et aux plages de l’île s’arrêtent quant à eux au carrefour principal. C‘est également à Apollonia que l’on trouve les services publics tels que la poste ou les succursales de banques. 

Dans le quartier Exarcheia

J’ai beaucoup aimé déambuler dans le quartier anarchiste d’Exarcheia, où la police évite de s’aventurer. C’est de ce quartier étudiant populaire et multiculturel que les émeutes urbaines ont démarré après le meurtre par un policier d’un jeune de 15 ans, fin 2008. Pas étonnant que les graffeurs et artistes s’y soient exprimé avec autant de passion !

C’est le cas dans cette œuvre géante émouvante d’un sans-abri dormant par terre, intitulée « No Land For The Poor », de l’artiste indonésien Wild Drawing qui signe WD. Le street art parle ici de façon criante de la crise économique à Athènes. Au coin de son œuvre, WD a griffonné, « Dédié aux pauvres et aux sans-abri, ici et partout dans le monde ».

Quelques centaines de mètres plus loin, dans le même quartier se trouve le grand parc Navarinou.

Ce parc est un jardin communautaire contestataire créé sur un parking récupéré en 2009 par la population du quartier pour en faire un bien commun urbain et protéger leur environnement. Les habitants ont occupé l’espace et ont ainsi créé le premier parc en autogestion.

L’artiste italien BLU a réalisé une fresque murale géante dans le parc qui célèbre de façon très colorée la victoire des espaces verts sur le béton.

Le message est très simple. L’oeuvre représente des personnes habillées de vêtements de couleur « rouge sang » avec des têtes vertes qui travaillent dans un jardin et font pousser des fleurs orange géantes qui dominent les gratte-ciel gris de la ville.

Avec cette œuvre d’ampleur, le quartier et les habitants d’Exarcheia ont reçu le soutien de l’un des plus célèbres artistes de rue à travers le monde.

C’est dans ce quartier également que j’ai rencontré et suis tombée sous le charme des belles endormies de l’artiste grec Sonke. Ses oeuvres ponctuent les murs d’Athènes un peu partout.

Je n’aime pas découvrir une ville avec un groupe, derrière un guide. J’ai besoin de prendre mon temps, de chercher l’oeuvre, de me tromper de rue, d’aller à l’opposé d’où je pensais me rendre, de demander mon chemin, de m’arrêter pour prendre des photos… Mais, je dois reconnaître qu’il m’a quelquefois manqué des « clés » pour comprendre certaines oeuvres et en savoir davantage sur les artistes.

Alors, pour ceux qui manquent de temps, veulent être guidés et en savoir plus… il peut être intéressant de faire une visite guidée. Je vous donne quelques noms d’agences dans les infos pratiques ci-dessous. J’ai découvert à mon retour ce site qui fournit une carte avec l’emplacement de nombreuses oeuvres qui m’aurait bien été utile lorsque j’étais sur place ! Elle me servira lors de mon prochain séjour…

Je ne pensais pas avoir autant de plaisir à séjourner à Athènes avant de rejoindre l’île de Sifnos ! Avant de quitter une capitale grecque en perpétuel mouvement, dernier regard sur l’Acropole depuis le roof top du très sympa Bar « Couleur Locale »…

Infos pratiques

 Il est souvent difficile d’éviter la « gastronomie touristique » à Athènes. Sur les conseils d’une amie grecque, je me suis attablée au cours de mes déambulations urbaines aux terrasses de « mezedopoleio », c’est à dire des cafés-restaurants où l’on déguste des mezzes, d’un café spécialisé en brunch et d’un restaurant.

–  Le Glykis : un café-restaurant traditionnel du quartier Plaka, à l’écart des rues passantes, qui sert des cafés, des mezzes, avec un ouzo, une bière locale ou un verre de vin. Une terrasse au calme, à l’ambiance traditionnelle, ombragée et fleurie et des prix raisonnables !  J’y ai dégusté du Saganaki avec une salade grecque. Je n’ai pu finir ni l’un, ni l’autre, tellement c’était copieux !

–  Le Kafenio ta Kanaria (Keramikou 88)estun café-restaurant traditionnel et simple qui sert des mezzes d’une grande authenticité, avec un ouzo, une bière locale ou un verre de vin. Ambiance décontractée et conviviale. Ici, aussi, je n’ai pas pu finir mon houmous et mon dakos, servis très copieusement.

– Le Picky Coffee dans le quartier Psiri : Parfait pour un brunch ou un repas léger. Salades, sandwichs, wraps, gâteaux, yogurt bowls, omelettes… servis avec un grand choix de cafés, thés, jus de fruits frais, bière ou vin. 

– Le Dopios, situé entrele Marché municipal et la place Omonia. Ce restaurant d’un standing plus élevé sert des mezze grecs et de la cuisine locale revisités de façon moderne sur une petite place très agréable. Viandes, poissons, mezzes et belle carte végétalienne et végétarienne. Prix raisonnable, mais plus élevé que les trois cafés précédents.

Vous trouverez votre bonheur sans difficultés ! Il y a de nombreuses offres de location : auberges de jeunesse, guesthouses, hôtels ou appartements à louer… J’ai loué un studio au « Raise Boutique Rooms » dans le très joli quartier de Psyri, puis dans le « Kimon Hotel Athens« , et enfin, à mon retour de l’île de Sifnos à « l’hôtel Adam’s » dans le quartier Plaka. 

Trois très bonnes adresses !

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