Le slow tourisme culinaire et Slow Food en Corse

Le slow tourisme culinaire et Slow Food en Corse

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Publié le 3 octobre 2019 par Hélène Salaün

Manger bon, propre et juste en faisant du slow tourisme en Corse…

Tentant comme programme, non ?

Découvrir le patrimoine culturel et gastronomique d’une région en la visitant, rencontrer les acteurs qui résistent aux sirènes de la mondialisation, préservent leurs savoir-faire et sauvegardent leurs traditions… Voilà ce que j’aime et ce que je recherche dans chaque région ou pays que je visite. Chaque territoire nous réserve de belles surprises, bien loin de l’univers des plats standardisés et uniformisés des fast-food internationaux…

Manger bon, propre et juste ou avoir une « Gastrunumia accessibile, pulita, ghjusta è 100% nustrale » comme on le dit en Corse est ce qui caractérise la philosophie de l’Association internationale Slow Food depuis 1986. Un produit doit être bon au goût et bon pour la santé. Propre pour le climat et pour l’environnement. Enfin, il doit être Juste pour qu’il rémunère correctement son producteur.

C’était la 2ème édition du Festival « Ribellazione » organisée par A Granitula, le convivium local de Slow Food dans dans le village de Patrimonio en Corse. Ce week-end de mi-septembre ensoleillé était donc tout indiqué pour que je découvre le patrimoine culturel alimentaire de la région !

Patrimonio est un joli village situé en Haute-Corse, entre mer et montagnes dans la région du Nebbio à 8 kilomètres de Saint-Florent et à une quinzaine de kilomètres de Bastia. Le village est particulièrement apprécié par les visiteurs pour son environnement naturel, son raisin muscat AOC, ses vins cultivés dans les plus anciens vignobles de l’île ou encore son authenticité et ses traditions.

Cette année, le thème central du Festival était consacré à la culture céréalière de la Corse, les semences, les céréales et le pain. Logique, quand on sait que pendant des siècles, la Corse a été un grenier à blé de la Méditerranée et que la bière était nommée pain liquide, métaphore rappelant l’origine commune des deux aliments, les céréales.

L’objectif du Festival était de valoriser un patrimoine vivant composé de semences et de savoirs faire antiques avant qu’ils ne tombent dans l’oubli. 

Plus largement, il a été évoqué la question centrale d’un modèle alimentaire et agricole pour protéger la biodiversité et transmettre l’héritage culinaire corse au plus grand nombre.

Au menu du Festival, des conférences, des rencontres, des échanges, des soirées-concerts, des dégustations de produits locaux… Le tout, dans une ambiance champêtre et conviviale.

Les débats ont essentiellement portés sur ces questions :

  • Comment sauvegarder et préserver les semences céréalières endémiques de la Corse et les adapter à chaque territoire et types de production ?
  • Comment s’organiser pour une véritable filière céréalière insulaire ?
  • De la semence à la tartine, qu’est-ce qu’un bon pain aujourd’hui ?
  • Une bière corse, 100% bio et autonome est-elle possible ?

A cette dernière question, la réponse est oui ! 

Toutes les bières Ribella sont totalement naturelles et produites de manière complètement biologique : elles sont non-filtrées, non pasteurisées et re-fermentées en bouteilles sans ajout de sulfites. Les arômes sont tous naturels et cultivés par la brasserie, tels l’immortelle, la Nepita, le piment, l’Erba da Vaccha, le cédrat ou fournis par des agriculteurs partenaires, comme pour le miel du maquis AOP ou pour la Farine de Châtaigne présente dans la bière brune Mistica. C’est sain, et ça se sent ! 

Vive le slow tourisme en Corse !

Une pause s’impose à Corte, capitale historique et culturelle de la Corse.

J’ai quitté Patrimonio pour la ville de Corte, située au centre de la Corse, à 68 kilomètres de Bastia et 80 kilomètres d’Ajaccio. C’est une jolie ville qui s’élève à 450 mètres d’altitude au pied d’une citadelle perchée sur un piton rocheux qui abrite désormais le musée de la Corse. Corte est également le siège de l’université de Corse Pascal-Paoli rouverte suite à un mouvement populaire en 1981, après deux siècles de fermeture. Elle accueille désormais près de 5 000 étudiants.

Jeunes, anciens et touristes se mêlent dans les ruelles tortueuses de la ville haute où les restaurateurs proposent tous une cuisine traditionnelle corse.  Tout semble bon, mais le site sent un peu « l’attrape-touristes » et je ne suis pas certaine de manger des produits traditionnels fabriqués dans la région…

Je suis avec une amie Corse qui me donne alors un bon plan… Acheter directement à Nono, un agriculteur local de 78 ans qui fait lui-même ses fougasses, ses beignets au brocciu (fromage emblématique corse issu du lait de brebis ou de chèvre), ses tartelettes aux herbes (blettes ou épinards), ses fiadones (sorte de flan au brocciu parfumé au citron)… 

Il les vend sur son étal dans la rue (Place Gaffory), à côté de ses légumes bio. Ses produits frais et fabriqués avec des farines et des légumes bio partent comme des petits pains ! Il est bien connu des restaurateurs et cafetiers de la rue qui vous laisseront vous installer à une table pour déguster ses produits en échange d’une consommation. 

Allez faire un tour sur le marché de Sartène !

Sartène est « la plus Corse des villes Corses » disait Prosper Mérimée.  C’est vrai qu’on ressent fortement l’influence des traditions lorsque I’on se perd dans les petites venelles pavées du vieux Sartène.

Le marché se tient au coeur du village, sur la jolie place Porta. En ce mois de septembre, il est ouvert les mardi-jeudi et samedi. Il est petit, mais tous les étals vous mettent en appétit, surtout si comme moi, vous arrivez à l’heure du déjeuner ! J’ai pratiquement dévalisé celui d’un producteur de charcuterie et de fromages… Au choix : de la coppa, du lonzu et des figatelli. A première vue, ça se ressemble un peu… Grosse erreur ! La coppa, c’est de l’échine de porc salée puis séchée à l’intérieur d’un boyau naturel, et enfin poivrée en surface. Le lonzu, c’est du filet maigre salé juste après avoir été découpé. Une fois poivrée, cette charcuterie est placée dans un boyau de porc qui sera ficelé, fumé et vieilli en cave. Et les figatelli sont des saucisses dans lesquelles le gras, le maigre ainsi que le foie de porc sont mélangés. À consommer cru en tranches ou grillé au barbecue avec une belle tranche de pain de campagne.

 

Côté fromages, il n’y a pas que le brocciu, même s’il est très présent dans la gastronomie corse ! Vous trouverez des fromages de chèvre ou de brebis à pâte molle ou à pâte pressée. J’ai particulièrement aimé le Sartinesu, fabriqué dans la région, semblable à de la tomme. 

D’autres étals vous invitent à être gourmands comme celui de Da Noï qui m’a forcément attirée lorsque j’y ai vu l’escargot du logo de Slow Food sur une affichette. C’était forcément un gage de qualité ! Sylvie, la jeune productrice vend avec passion, pédagogie et humour ses confitures et chutneys. La Corse produit de délicieux fruits toute l’année. Des agrumes en hiver, les fruits du verger en été, des figues à l’automne… Alors, les possibilités de fabriquer des confitures et de mélanger les arômes sont innombrables ! Sylvie explique aux touristes un peu perdus devant des produits inconnus que le cédrat n’est pas un citron, et que la myrte n’est pas une myrtille…

J’ai achevé ma visite de Sartène par la table du restaurant « Chez jean-Noël » où je me suis régalée avec un rôti de veau servi avec un gratin qui contenaient tous les parfums du maquis corse. Si vous voulez manger des plats simples et authentiques réalisés avec de bons produits, retenez l’adresse : 27 rue Borgo – Sartène

 

GR 20 ou Route des Sens ?

Aucune hésitation pour ceux qui me connaissent bien… J’aime beaucoup la randonnée, mais le GR 20 ça n’est pas pour moi !

J’ai choisi la « Route des Sens authentiques » dans l’intérieur de la Corse avant de rejoindre la côte et les plages.

La Route des Sens m’a été recommandée par des producteurs rencontrés sur le Festival Ribellazione. Je leur ai donc fait entièrement confiance et je vous recommande vivement de l’emprunter ! J’ai beaucoup regretté de ne pas avoir eu connaissance de cette route avant de venir en Corse. La prochaine fois, j’organiserai mon voyage grâce à leur site Gusti di Corsica qui est extrêmement bien conçu.

Il présente les descriptifs des producteurs, les produits, les lieux et les acteurs du territoire. Il permet aussi aux utilisateurs de créer leur propre carnet de route et de pratiquer le slow tourisme en Corse, puisque en dehors des productions alimentaires, on trouve aussi des chambres d’hôtes, des gîtes, des fermes auberges, des locations…

 

Créée en 2013, la Route des Sens s’étend sur 6 micro régions du nord au sud de la Corse pour valoriser le patrimoine naturel et les savoir-faire insulaires. Une aubaine pour un tourisme identitaire fort, pour le monde agricole et pour les touristes adeptes de slow tourisme rural !

De quoi voyager lentement et intelligemment… c’est en fait, la Route du Bon Sens !

J’achève cette semaine de tourisme culinaire face à la mer dans la région de Porticcio, à proximité d’Ajaccio. Le mois de Septembre est vraiment idéal pour découvrir la Corse. La météo est propice aux randonnées et aux bains de mer, les tarifs aériens et hôteliers sont moins élevés,  il y a moins de monde et l’ambiance y est sûrement beaucoup plus détendue qu’en haute-saison !

 

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