Congé solidaire au Népal avec Planète Urgence

Congé solidaire au Népal avec Planète Urgence

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Publié le 15 janvier 2013 par Hélène Salaün

31 décembre 2012. Cette date est un tournant dans ma vie… 

En cette fin d’année, je pars effectuer un congé solidaire avec Planète Urgence à Kathmandou au Népal.

Je suis cheffe de projet communication événementielle au Conseil départemental de Loire-Atlantique et mon employeur vient de signer une convention de partenariat avec l’association Planète urgence. Il s’agit d’une ONG de solidarité internationale et d’aide au développement local reconnue d’utilité publique créée en 2000 par des professionnels d’ONG (Médecins du Monde et Handicap International).

A travers ce partenariat, le Département de Loire-Atlantique s’engage à permettre chaque année à une dizaine de salariés d’effectuer un congé solidaire à l’étranger en lien avec la biodiversité, l’appui socio-éducatif ou la formation aux adultes. Durant 15 jours pris sur leurs congés annuels, des salariés mettront leurs compétences professionnelles et personnelles au profit d’un projet de solidarité et viendront contribuer au développement de communautés locales. 

Pour ma part, je vais conseiller et accompagner l’association Wildlife Conservation of Nepal (WCN) dans l’organisation d’une grande exposition photos, en plein centre de Kathmandou sur le site mythique de Durbar Square. 

Cet événement est destiné à sensibiliser les Népalais et les touristes aux richesses si fragiles du patrimoine naturel du pays. Il vise également à encourager les jeunes à préserver la faune et la flore locales, victimes de beaucoup de convoitise pour certaines espèces animales.

Qu’est-ce qu’un Congé solidaire avec Planète Urgence ?

Le Congé Solidaire est un dispositif qui permet à tout salarié d’une entreprise qui a signé une convention de partenariat avec l’ONG de partir en volontariat sur son temps de congés en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine.

Il permet d’agir à la demande d’une structure locale dans le cadre d’une mission de courte durée (de 2 à 4 semaines). Les missions ont pour objectif de contribuer au développement local des communautés, à la sensibilisation à l’environnement et à la protection de la biodiversité locale.

Le salarié donne 2 semaines (ou plus) de ses congés annuels et le financement de la mission est assuré par son employeur.

La mission de Congé solidaire avec Planète Urgence permet ainsi aux volontaires de partager et transmettre leurs compétences. Sachez que, sans être un professionnel de l’humanitaire ou de l’aide au développement, chacun possède une compétence, un savoir faire professionnel ou personnel, qui peut être utile !

Et si vous n’avez pas la chance d’avoir un employeur qui a signé une convention de partenariat avec l’ONG ou si vous êtes indépendant, retraité-e… Il vous est quand même possible de partir réaliser une mission de solidarité de 2 semaines à 4 mois.

Les volontaires participent alors aux frais de la mission à travers un don. Planète Urgence est une association reconnue d’intérêt général, et à ce titre, tous les dons ouvrent droit à la défiscalisation et sont déductibles des impôts à hauteur de 66%. Chaque mission à un coût unique qui varie selon le dispositif et la durée. Vous trouverez toutes les infos sur le site de Planète Urgence.

Petite mise en garde… Il ne s’agit pas de vacances ou de tourisme humanitaire, ni de mission d’exécution « à la place des populations locales » mais de mission de solidarité internationale particulièrement impliquantes pour celles et ceux qui s’engagent. Le volontaire apporte son concours et partage ses connaissances en faveur d’un projet porté et mis en œuvre par les populations du pays. 

Qui est l’association Wildlife Conservation of Nepal ?

Le Wildlife Conservation of Nepal (WCN) est une Organisation Non Gouvernementale créée en 2002 et basée à Kathmandou.

L’association promeut la conservation de la biodiversité et la sauvegarde des ressources naturelles par le biais de programmes d’éducation à l’environnement, de programmes de recherche et de conservation et d’actions sur la préservation de l’environnement.

L’ONG réalise un travail en profondeur en impliquant les communautés locales, les milieux scolaires, les sociétés civiles, les organes policiers et judiciaires, les communautés scientifiques et les écologistes dans la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles.

Pour WCN, une espèce protégée est un patrimoine préservé !

Depuis 2013, WCN donne de l’ampleur à ce programme en organisant le Nature and Wildlife Photography Festival, un Festival de photographie bisannuel qui réunit des photographes d’envergure dans le domaine de la photo-nature.

C’est sur la mise en oeuvre de ce Festival que je vais les accompagner…

Après une escale à Delhi, je survole les yeux écarquillés la chaîne de l’Himalaya et atterris à Kathmandou.

Pas le temps de réaliser… tout s’est bousculé dans ma tête en cette fin d’année 2012 !

L’accord entre Planète Urgence et mon employeur a été finalisé cinq semaines avant mon départ. Entre mon activité professionnelle habituelle, l’organisation pratique du voyage, la préparation de ma formation sur place, des cours accélérés d’anglais et les fêtes de Noël en famille… je pars un peu crevée et stressée, mais tellement heureuse de ce voyage et de cette mission improbables !

Heureusement, à mon arrivée à l’aéroport de Kathmandou le 1er janvier 2013, les sourires de Sanjeevani, de Karishma et de Ritu, toutes trois membres de l’association WCN me réchauffent le coeur. Les « filles » m’ont offert des chaussons roses fourrés qui m’attendent dans l’appartement que je vais partager avec Karishma, afin que je m’y sente « comme chez moi ». Et… si loin de chez moi, cette attention toute simple me touche beaucoup !

En habituée des voyages en solo, j’appréhende la cohabitation avec l’une des salariées de l’association et le partage d’un quotidien plutôt rude dans un pays si différent du mien. A cette période de l’année, au mois de janvier, il y a environ 16 heures de coupure d’électricité par jour. Quelle galère de calculer quand il y aura de l’électricité pour charger son ordinateur et son appareil photo afin de préparer les séances de travail du lendemain ! (ce problème s’est amélioré depuis 2017). L’absence de chauffage dans l’appartement, des moyens réduits pour faire la cuisine, la nécessité de traverser un palier pour avoir accès à une salle de bain sans eau chaude, avec une douche sommaire et des toilettes à la turque m’ont permis d’appréhender vraiment le quotidien des Népalais.

Je pense que Karishma a aussi dû se poser quelques questions à l’idée de cohabiter avec une femme de 40 ans son aînée ! Mais, dès le premier jour, une belle et incroyable complicité est née entre nous, effaçant les différences d’âge, de culture et de mode de vie. La bonne humeur, et les fous rires ont rapidement envahi l’appartement lorsque nous prenions nos dîners à la lueur des bougies le soir, couvertes de plusieurs couches de nos vêtements les plus chauds. J’ai pensé les premiers jours ne pas pouvoir assurer ma formation dans des conditions de vie si difficiles. J’avais un peu honte de souhaiter davantage de confort durant ma mission, alors que Karishma vivait dans ces conditions toute l’année… Mais, je me suis tout compte découvert d’étonnantes capacités d’adaptation !

Je commence l’année avec Karishma en visitant Kathmandou

Karishma m’emmène sur les principaux sites touristiques de la ville et de ses environs. Nous commençons par la place historique du  « Durbar Square », puis par le « stupa de Bodnath », le plus grand stupa bouddhique du Népal, suivi du « stupa Swayambhunath » également appelé « Monkey temple » en raison des très nombreux petits singes présents sur le site et finissons cette journée au Temple de Pashupatinath où se déroulent les cérémonies de crémation.

J’ai beaucoup de mal à réaliser que deux jours auparavant j’étais chez moi à Nantes et qu’aujourd’hui je suis dans ce pays si dépaysant où je n’ai aucun repère.

Je me demande si je ne rêve pas et n’ai malheureusement pas l’esprit totalement libre pour apprécier ce choc culturel. Je suis pas mal stressée à l’idée de commencer ma formation le lendemain, alors que j’ai déjà du mal à « atterrir »… 

En regardant les sadhus, j’essaye de me persuader que, si je suis aussi « zen » qu’eux, ma formation va très bien se passer…

Et, pour mettre toutes les chances de mon côté, je joins mes prières à celles qui sont écrites sur les drapeaux qui flottent au vent et je n’oublie pas bien sûr de tourner aussi les moulins à prière en tournant autour des stupas.

Après cette journée de balades, les choses sérieuses commencent le 2 janvier.

La journée débute par la présentation très officielle du staff de World Life Conservation of Nepal, autour de son Président Monsieur Prasanna Yonzon.

Pendant 15 jours, je formerai l’équipe de l’ONG, ainsi qu’une équipe de jeunes étudiants en sciences de l’environnement aux techniques d’organisation et de communication événementielle.

Je vais leur apprendre à créer une identité graphique, à bâtir une stratégie de communication, à concevoir un plan et des outils, à planifier, à établir un budget, à rechercher des partenaires privés et publics…

Je vais également leur enseigner comment communiquer avec la presse et les médias et comment organiser des relations-publiques. Enfin, je vais les aider à mettre en place des indicateurs pour l’évaluation du festival et à préparer l’édition suivante.

Tout un programme !

 

En fin de formation, je propose aux jeunes de travailler sur un projet d’organisation de Festival culturel. Je leur fais un brief et forme quatre équipes qui proposeront à un jury constitué du staff de WCN et de moi-même des projets différents. Les jeunes ont laissé libre cours à leur imagination et ont fait preuve de beaucoup de créativité ! Les échanges et critiques sont très constructifs et je constate qu’ils sont prêts à se lancer dans l’événementiel !

C’est le moment très officiel de la remise des diplômes.  L’ambiance est joyeuse et très émouvante. Ils ont réussi, et moi aussi !!! La cérémonie s’achève par un concert improvisé à la guitare par Karishma et une autre collègue.

J’invite tout le monde à l’heure du déjeuner à fêter la fin de la formation autour d’un buffet composé de plats et de vins aussi français que possible avec ce que j’ai pu trouver dans un supermarché ! Le staff m’offre à son tour une statuette de Ganesh, la divinité la plus populaire de l’Inde, porteuse de chance.

Je suis fière de moi et très heureuse… 

Dans le cadre du Festival de photo-nature, une équipe de photographes professionnels proposera aux Népalais des « photo-walk » sur différents thèmes pour les faire progresser dans leur technique photo.  Avant de quitter le Népal, j’ai la chance de bénéficier durant une matinée des conseils avisés d’Om Yadav, excellent photographe naturaliste Népalais qui me propose d’aller faire quelques clichés dans la petite ville de Khokhana, proche de Kathmandou. Un retour vers le moyen-âge… et une occasion unique de visiter le Népal traditionnel !

Je suis fatiguée après ce congé solidaire, mais je me sens tellement enrichie et remplie de belles rencontres et d’émotions ! J’ai aussi beaucoup appris et ai dû maintes fois me remettre en cause. Je me suis découvert un réel intérêt pour la formation et le contact avec des personnes avides d’apprendre. Je connaîtrai à nouveau ce sentiment lorsque j’enseignerai la langue française à un jeune moine au Laos quelques années plus tard…

Je vais poursuivre ma découverte du Népal en visitant seule les villes de Bhaktapur, Khokana, Pokhara et la région de Chitwan avant de rentrer en France. 

Je suis toujours restée en relation avec l’équipe de WCN et deux années après ce congé solidaire, alors que je débutais ma retraite par un voyage autour du monde, je suis allée retrouver mon ex co-locataire Karishma, d’origine indienne, dans sa famille à Kalimpong à proximité de Darjeeling. J’y ai été été accueillie à bras ouverts et y ai appris à cuisiner les momos qui ont constitué mon menu quotidien durant mon séjour au Népal !

 

The show must go on ! Je ne serai malheureusement pas présente quelques mois plus tard lorsque l’exposition se déroulera pour la première fois sur la plus célèbre place de Kathmandou !

D’autres volontaires de l’association « Planète Urgence » interviendront après moi pour continuer la formation dans des domaines différents. Eric Huynh, photographe professionnel qui me succède auprès de WCN aura la chance de constater le succès de l’exposition.  

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