Les « enfants » de Père Pedro à Madagascar

Les « enfants » de Père Pedro à Madagascar

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Publié le 5 octobre 2015 par Hélène Salaün

Je viens d’arriver à Tananarive, sur l’île de Madagascar où je vais rencontrer le Père Pedro

Avant de partir dans le sud du pays, un ami malgache me suggère d’aller assister à une messe administrée par le Père Pedro, prêtre lazariste d’origine argentine, installé depuis plus de 30 ans à Madagascar. 

Je n’avais jamais entendu parler de cet homme, qui, pourtant a été « nominé » pour recevoir le Prix Nobel de la Paix en 2015. C’est un homme exceptionnel qui travaille sans relâche au service des plus démunis et, même si je ne suis pas particulièrement « adepte » des offices religieux, je suis curieuse de rencontrer cet homme et de voir sur place ce qu’il a réalisé.

Je constate sur cette grande île la même pauvreté qu’au Mozambique, les mêmes difficultés sociales de la population, le même sentiment d’insécurité et le même abandon du pouvoir en place. Curieusement, cela me semble encore plus invraisemblable parce que, dans mon esprit, ce pays reste étroitement lié à la France.

Il y avait foule à la messe du dimanche…

C’est en allant à la messe du dimanche, dans un gymnase à Akamasoa à 8 kilomètres de Tananarive, que j’ai pris la dimension des attentes de la population.

En rentrant dans ce gymnase, j’ai eu l’impression d’aller assister à un grand match ou à un meeting politique ou encore au concert d’une rock-star… Pas une place de libre dans cette structure où règnaient la joie et la ferveur de plus de 5 000 personnes. Je ne m’attendais pas du tout à cela et ai été très impressionnée.

Je ne passe pas inaperçue en arrivant « en touriste » avec mon appareil photo et ne me sens pas très à l’aise… Les regards et les sourires échangés avec deux petites filles timides m’ont tout compte fait rapidement intégrer à la communauté présente.

Des interventions du Père Pedro aussi politiques que religieuses

La messe dure longtemps… environ trois heures, mais j’ai pris plaisir à écouter les interventions du Père Pedro, notamment lorsqu’il a évoqué un nouveau drame de migrants qui venaient de périr en mer en traversant la Méditerranée.

Il exprimait tout haut et avec colère ce que tout le monde pense tout bas et suggérait aux politiques de tous pays – et notamment malgaches – de s’inspirer des actions concrètes et efficaces qu’il a réalisées à Madagascar pour sortir une partie de la population d’une extrème misère.

Comme le Père Pedro le souligne … « Ce que j’ai réussi à faire à l’échelle de 25 000 personnes, un Etat devrait pouvoir aussi le faire à l’échelle de 50 000, 100 000, voire 1 million de personnes… à condition d’avoir des hommes et des femmes passionnés, honnêtes, courageux, responsables et prêts à risquer leur propre vie pour sauver leurs enfants ». 

Il a créé en 1989 l’association humanitaire Akamasoa (« Les bons amis en malgache ») pour venir en aide aux plus pauvres qui tentaient de survivre sur les décharges d’ordures à ciel ouvert aux alentours de la capitale Antananarivo.

Ce qu’il a vu à ce moment-là « l’a fait basculer dans l’horreur ». Aujourd’hui, les ordures brûlent toujours en permanence et enveloppent Tananarive au gré des vents, dans un brouillard opaque malsain et nauséabond. Au fil des années, il a extrait plus de 10 000 enfants qui vivaient sur ces décharges et fait de cette montagne de déchets « une oasis d’espérance ». (Photos du Père Pedro ci-dessous issues du site de son association )

Sa philosophie est « d’aider sans assister »

Il a réussi à fonder un modèle de société solidaire basée sur le travail et l’entraide. « Un toit, un travail et une éducation » sont les trois piliers de l’association.

Dans ses 18 villages, tout le monde travaille et vit dans de « vraies » maisons en brique. Les enfants reçoivent une éducation dans les écoles avec des enseignants formés, prennent des repas équilibrés dans des cantines, évoluent dans des rues où règnent l’ordre et la sécurité, reçoivent des soins dans les dispensaires et fréquentent les stades de sport. Les personnes âgées et les malades sont quant à eux assurés de recevoir une assistance et des soins. L’association rend ainsi chaque jour un peu plus de dignité aux habitants dans un pays complètement abandonné par ses gouvernants successifs.

La messe est finie, la foule des fidèles quitte le gymnase, le Père Pedro a un petit mot ou une attention pour tous ceux qui l’espèrent.

Je lui fais part de ma stupéfaction et de mon admiration lorsqu’il rejoint le pick-up où « ses enfants » l’attendent.

Nous discutons longuement de la vie désespérée de la population locale et de l’indifférence générale des politiques. Je n’ose pas l’importuner avec une demande de photo à ses côtés…

Le Père Pedro est un homme en colère qui appelle à s’insurger contre la « mondialisation de l’indifférence » comme il l’explique dans son dernier ouvrage à lire d’urgence « Insurgez-vous ». 

Alors, Respect Père Pedro !

J’ai vraiment eu beaucoup de chance de vous rencontrer !

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4 Commentaires

  1. gloria gomes

    merci beaucoup de nous faire ce récit sur votre rencontre et votre ressenti auprès du père pédro. je vous envie vraiment et j’espère qu’un jour je pourrais moi aussi le rencontrer. encore merco

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    • Hélène Salaün

      Merci Gloria de votre commentaire. J’espère que vous aurez l’occasion d’aller à Madagascar et de le rencontrer. C’est un homme (et un religieux) exceptionnel qui s’engage vraiment aux côtés de la population. Il y a comme ça, de temps en temps, de belles rencontres qui enrichissent votre vie…

      Réponse
  2. Cadore

    Bonjour nous allons en octobre à Madagascar et mon mari souhaite rencontrer le père Pedro comment fait il faire
    Et que pouvons nous leur apporter

    Réponse
  3. Gal

    Bonjour,
    Je serai de passage à tana en janvier. Comment êtes vous allées à akamasoa?
    J’espère avoir l’occasion de m’y rendre.
    Savez vous s’il est utile de leur apporter des livres ou autres de France ?
    Par avance merci

    Réponse

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