Visite de l’île de Chiloe

Visite de l’île de Chiloe

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Publié le 13 août 2022 par Hélène Salaün

Visite de l’île de Chiloe : une immersion dans le Chili traditionnel

Je poursuis avec délice ma découverte du Chili, du nord au sud. Imaginez comme les paysages peuvent varier dans un pays dont la longueur du nord au sud (4 200 km) équivaut à celle qui s’étend du nord de la Norvège au nord de l’Egypte ! 

Après un séjour enchanteur dans la région de San Pedro de Atacama, puis une halte de quelques jours à Santiago la capitale, je me suis envolée vers l’île de Pâques. De retour sur le continent, j’ai passé quelques jours dans la région de Puerto Montt et de ses lacs.

Aujourd’hui, je suis à la porte de la Patagonie et me dirige vers l’archipel de Chiloe, composé d’une trentaine d’îles, dont la Grande Île de Chiloé, seconde plus grande île de l’Amérique du Sud après la Terre de Feu. Cette île est connue pour la préservation remarquable de sa nature, de sa culture traditionnelle, de son artisanat et pour  l’accueil particulièrement bienveillant de ses habitants et leur cuisine entre terre et mer. Les premiers habitants étaient des indiens qui furent envahis petit à petit par les Mapuches, une communauté indigène du Chili, vivant dans le nord de la Patagonie, au Chili et en Argentine. L’archipel a été annexé par les espagnols à la fin du 16e siècle où les jésuites ont débarqué en masse, ce qui explique le grand nombre d’églises à Chiloe. 

L’île de Chiloe est facilement accessible depuis le continent. J’y suis arrivée après un court voyage en bus depuis Puerto Montt et en « transbordador », le ferry qui effectue la liaison entre le continent et l’île en une trentaine de minutes et fait traverser les bus.

Dès mon arrivée, j’ai aimé le calme et la sérénité qui règnent sur l’île de Chiloe. Le bus m’a déposée à Castro, la capitale provinciale, abritée dans un joli fjord, où l’on trouve les fameux « palafitos », l’habitat traditionnel de l’île. Nous sommes fin mai et une météo fraîche et maussade m’attend. 

Séjour pluvieux, séjour heureux ! Cela m’a permis de me reposer et d’organiser la suite de mon voyage en Patagonie chilienne, puis argentine. J’ai logé dans le « Palafito Verde » que vous voyez sur les photos ci-dessous. Les palafitos, déclarées monuments historiques, sont des maisons traditionnelles entièrement en bois, construites sur pilotis, où l’on vit au rythme des marées et au son des vagues qui caressent ou cognent les piliers, selon la météo. 

Mon palafito bénéficie d’un emplacement privilégié et stratégique pour observer le retour des bateaux de pêche et leur cortège de mouettes. Un petit air de Bretagne m’envahit…  J’aurais presque pu faire ces photos au Guilvinec !

Je voulais découvrir l’île, mais n’avais aucune envie de sortir de ce doux cocon composé entièrement de bois et de matériaux naturels… Il y règnait une telle harmonie que je m’imaginais bien rester ici pour écrire le livre dont je rêve depuis longtemps…

Visiter l’île de Chiloe : que voir, que faire ?

Bon ! C’est bien beau de rêver… mais je n’étais quand même pas venue jusqu’ici pour passer à côté de la vie Chilote ! 

J’avais prévu de faire « le tour des églises » si spécifiques de l’île de Chiloe, découvrir sa cuisine traditionnelle,  rencontrer ses habitants et découvrir son artisanat. Je voulais aussi explorer le parc national de Chiloé, ses forêts, ses lacs et ses plages pour découvrir le bord de mer à travers des sentiers de trekking, mais la mauvaise météo a contrarié mes projets d’excursions.  

1/ Faire le tour des églises

Près de 60 églises ont été construites sur l’île pour la plupart sous l’influence des jésuites entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Seize d’entre elles sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Leur mode de construction s’est inspirée de l’art et de la technique architecturale des charpentiers de marine. 

Les églises actuelles sont centenaires mais sont bien souvent des édifices reconstruits après des catastrophes naturelles au même endroit avec l’utilisation des techniques ancestrales, de bois de la région et du travail de charpentiers Chilotes.

Si vous voulez avoir une vision exhaustive des églises, voici comment elles sont réparties par commune du nord au sud :

L’église de Colo se trouve à Quemchi, celles de Tenaún, San Juan et Dalcahue à Dalcahue, celles de Caguach, Achao et Quinchao à Quinchao, celles de Castro, Nercón, Rilán et Chelín à Castro, celles de Vilupulli et Chonchi à Chonchi et celles d’Aldachildo, Ichuac et Detif à Puqueldón.

 J‘ai recueilli ces informations et quelques-unes des photos sur le site de la  Fondation des Amis des Églises de Chiloé (FAICH).

2/ explorer le Parc national de Chiloé

Le Parc national de Chiloe est une zone de plus de 43 000 hectares où l’écosystème est parfaitement protégé. Des passerelles et des filets protecteurs sont installés pour amortir le bruit des pas et permettre l’observation d’une faune endémique, d’oiseaux migrateurs et d’une flore extraordinaire dans les meilleures conditions. Des sentiers de trekking balisés traversent une forêt dense qui débouche sur une vaste plage. (Photos @ Tripadvisor / Laure Gallian) 

La mauvaise météo ayant contrarié mes projets de découverte de l’île, j’ai consacré davantage de temps à des balades dans la ville de Castro…  

3/ Admirer les Palafitos et autres constructions en bois

Les seize églises de l’île de Chiloe entièrement bâties en bois local, sont des exemples parfaits de l’expression des talents des constructeurs et des charpentiers de marine de Chiloé.

On retrouve leur grande expertise de l’utilisation du bois dans d’autres domaines architecturaux. 

Le bois est le matériau aussi utilisé dans de nombreuses constructions sur l’île de Chiloe, et notamment dans celle des « Palafitos ».  Ces maisons traditionnelles en bois colorées perchées sur leurs pilotis au bord de l’eau ont fait la renommée de la ville. Les meilleurs points de vue pour les admirer à Castro se situent Enrique Square, sur les hauteurs de la ville et dans le prolongement de la rue Montt, en bord de mer.

D’autres maisons en bois, les « casas patrimoniales », de confortables demeures bourgeoises, présentent quant à elles des façades entièrement couvertes de tuiles en bois, peintes ou laissées à l’état brut.

4/ La gastronomie chilote : une cuisine traditionnelle entre terre et de mer

Chiloe est une île de pêcheurs. Parmi les aliments incontournables sur l’île : les fruits de mer et le poisson. Mais aussi les pommes de terre ! Et, summum du bonheur pour une Bretonne, les Chilotes consomment du beurre salé… Il paraît que Chiloé est le premier berceau de la pomme de terre. Il y pousse actuellement 91 variétés contre un millier autrefois, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui a classé Chiloé au patrimoine agricole mondial en 2012. 

Comme toujours, ma première visite a été pour le petit marché de Castro où j’allais tous les jours acheter mon poisson. 

Il y avait des espèces du pacifique sud, dont je ne connaissais pas le nom, mais je suis restée fidèle à mes repères bretons, et j’ai acheté des produits familiers comme le saumon, le thon, le mérou, de belles palourdes idéales pour préparer les « machas à la parmesane », les coquilles Saint Jacques ou les moules qui sont le plus souvent grillés à la plancha ou mijotés en soupe ou en caldo, une sorte de « pot au feu » .

Le plat emblématique de l’île de Chiloe est un plat ancestral simple nommé le curanto al hoyo (pierres chauffées en langue mapuche).  Traditionnellement, on fait un feu de bois dans un trou dans la terre puis on y place des pierres plates, que l’on fait chauffer. On les recouvre ensuite d’un mélange de fruits de mer, de viandes (poulet, porc), de saucisses et d’une grande quantité de légumes et d’épices. On couvre le tout de feuilles de nalca (la rhubarbe locale) pour laisser tranquillement le curanto cuire à l’étouffée. Ce plat traditionnel, accompagné de typiques pains de pomme de terre a été simplifié en une version en cocotte appelée le curanto en olla ou curanto pulmay que l’on vous servira plus facilement au restaurant. 

5/ L’artisanat et l’art populaire

L’artisanat populaire le plus visible sur l’île de Chiloé est le travail du bois utilisé pour la construction des bateaux, églises, maisons, meubles et décorations diverses…

Mais, le tissage de la laine est l’artisanat traditionnel par excellence de l’île de Chiloe ! Le travail commence en été, avec la tonte des moutons et le recueil de la toison qui est nettoyée, filée, lavée et teinte avec des fibres naturelles. Vous retrouverez cette laine sous toutes ses formes ! Bonnets, pulls, couvertures, chaussettes, chaussons… De quoi vous constituer un bon choix de souvenirs !

On voit aussi sur les marchés beaucoup de vanneries en fibres végétales qui ont toujours été essentielles pour la fabrication des paniers utilisés par les paysans, les conchyliculteurs et les pêcheurs. Au fil du temps, la vannerie s’est raffinée et s’est invitée dans la décoration des maisons.

Quant à la cancagua, une pierre d’origine volcanique, elle est utilisée essentiellement pour réaliser des poêles et des briques de cuisson.

Infos pratiques

Pour se rendre sur l’île de Chiloe, il faut prendre un bus au terminal de Puerto Montt. Le bus fait ensuite la traversée d’un canal entre le continent et l’île sur un ferry et vous dépose au terminal de Castro. Il vous en coûtera environ $ 6000 aller-retour (cf photo ci-dessous)
Billet de bus Puerto Montt-Castro île de Chiloe

Chiloé possède un climat maritime pluvieux, avec une température annuelle moyenne de 11° et des températures plus chaudes entre octobre et avril. La haute période touristique se situe entre novembre et mars, ce qui correspond là-bas à l’été austral.  L’hiver est très rude. Prévoyez d’emporter de quoi résister à la pluie et être prêt à affronter des températures très variables dans une même journée. Je confirme ! J’y étais au mois de mai et le temps était froid et pluvieux, mais avec de belles éclaircies. (1° fin mai… cf photo ci-dessous).

La troisième semaine de février est celle du festival des coutumes de Chiloé et de la gastronomie de l’île. Pensez à réserver votre hébergement à cette période de l’année !

J’ai séjourné dans le Palafitos Verde, un palafitos traditionnel sur pilotis et tout en bois à l’intérieur. Je ne peux que vous le recommander !

Je ne vais pas être de très bon conseil… En louant un appartement, et compte-tenu de la mauvaise météo, j’ai essentiellement fait les courses au marché et mangé du poisson et des fruits de mer avec des pommes de terre dans mon palafitos, face aux mouettes.

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