Les peintures phalliques au Bhoutan, c’est sacré !

Les peintures phalliques au Bhoutan, c’est sacré !

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Publié le 18 novembre 2015 par Hélène Salaün

Suite de mes reportages sur les peintures au Bhoutan…

Le métier de peintre est un métier qui ne craint pas le chômage au Bhoutan ! Tous les bâtiments – sacrés ou publics – sont décorés. Après les peintures traditionnelles et les peintures consacrées aux légendes comme celle de l’Histoire des quatre amis, voici d’autres peintures beaucoup plus surprenantes qui ne manquent pas d’attirer l’attention des touristes… Il s’agit évidemment des peintures phalliques, qui font elles-aussi partie intégrantes de la culture bhoutanaise et du paysage, notamment dans l’ouest du pays. 

Lors de la construction d’une maison ou de sa rénovation, ses habitants engagent des peintres professionnels pour les réaliser. De façon plus discrète, ils placent aussi des phallus en bois à l’angle des toits pour protéger la construction.

On retrouve les peintures phalliques au Bhoutan, essentiellement sur les murs des maisons dans les petits villages.  Ils sont de taille plus ou moins importante, de couleurs variées et d’une représentation plus ou moins réaliste. Certains phallus qui ornent les murs des maisons sont entourés de rubans, d’autres de dragons… Tous ont le même objectif commun : favoriser la fertilité des habitants de la maison et les protéger du mauvais œil et des ragots.

Comme pour toutes les traditions et croyances au Bhoutan, il y a au départ une légende…

Je me suis aidée du site de « Spiritualités vivantes » pour la reconstituer.

On doit la légende du phallus protecteur à Drukpa Kunley, un moine tibétain venu au Bhoutan au XVe siècle. Après avoir perdu ses illusions sur le monde suite au meurtre de son père, il devient moine et parcourt la région pour apprendre les arts magiques et spirituels. Le bouddhisme tibétain est, à l’époque, très lié aux pratiques magiques chamaniques.

A l’âge de vingt-cinq ans, Drukpa Kunley est passé maître dans les arts profanes et dans ceux de l’esprit. Surnommé le « fou divin », ce moine bouddhiste tibétain est connu pour son comportement excentrique, son refus de l’ordre ecclésiastique et sa folle sagesse.

Drukpa Kunley se moquait du clergé établi, traditionnel et prude, alors au pouvoir. Ses armes étaient le rire et la dérision.

Il allait loin dans la provocation et faisait abondamment usage de son phallus pour subjuguer les démones. Son vocabulaire était grossier, son comportement souvent choquant pour les esprits bien pensants, mais son but était toujours de délivrer les êtres du carcan mental et du poids des croyances qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Drukpa Kunley décida de mettre la débauche au premier plan de son art oratoire, pour attirer l’attention, démasquer l’hypocrisie et ridiculiser les discours conventionnels : il s’adonnait très ouvertement à une pratique sexuelle intense et à des réjouissances gastronomiques. 

Sa réputation d’alcoolique notoire et de coureur de jupon invétéré est toujours présente chez les Bhoutanais. Dans le village de Lobesa, près de Punakha, un petit monastère est devenu un lieu de pèlerinage réputé. Des femmes bhoutanaises, mais aussi de nombreuses japonaises et américaines, s’y rendent dans l’espoir de tomber enceintes. 

Après avoir fait le tour du monastère en activant les nombreux moulins à prières encastrés dans les murs, les visiteurs pénètrent dans une pièce sombre aux murs richement peints. Après plusieurs prosternations devant les statues de Drukpa Kunley, les fidèles déposent des offrandes, puis s’inclinent pour recevoir la bénédiction. Un jeune moine appose délicatement un pénis de bois sur leur tête. Le monastère possède toute une collection de phallus sculptés dans de l’ivoire, de la pierre ou du bambou, utilisés pour bénir les femmes en quête de maternité.

De nombreuses anecdotes confirment le pouvoir des lieux…

Mais, on peut se montrer sceptique sur le pouvoir de l’imposition d’un phallus sacré sur la tête de ces femmes ! Une blague circule au Bhoutan à ce sujet. C’est l’histoire d’une Japonaise qui, désirait fortement un enfant. Elle est venue en pèlerinage au monastère de Chime lhakhang pour invoquer Drukpa Kunley. De retour chez elle, elle est tombée miraculeusement enceinte.

Mais de mauvaises langues racontent que l’enfant dont elle accoucha ressemblait étrangement au guide touristique qui l’avait accompagnée au fameux monastère…  

A chacun de se faire sa propre idée !

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